L’informatisation du secteur sanitaire s’est d’abord concentrée en France sur les activités administratives et de gestion pour améliorer l’efficience de la prise en charge des patients, tout en assurant la surveillance sanitaire et le pilotage des ressources allouées au maintien de la santé de la population. La classification internationale des maladies (CIM) a alors été adoptée dans les établissements de soins pour sous-tendre la mise en place du programme de médicalisation des SI et tenir les statistiques des causes de mortalité et de morbidité.
À la charnière du millénaire, l’informatique a favorisé un premier niveau de coopération locale entre les acteurs de soins : automatisation des plateaux techniques, diffusion de résultats d’examens, partage d’images médicales, circuit du médicament… À l’exception du circuit du médicament hospitalier, ces coopérations se sont appuyées sur une interopérabilité non sémantique soutenant l’échange de données textuelles ou codées localement.
Au tournant des années 2010, les besoins de coordination et de continuité des soins s’élargissent à l’échelle nationale avec, entre autres, le dossier médical partagé, mais aussi internationale avec la mise en place d’une infrastructure de services de santé numérique en Europe et la définition d’un standard global de résumé médical : International Patient Summary (IPS). En parallèle, la recherche médicale ainsi que le développement d’une médecine de précision et d’outils d’aide à la décision médicale requièrent la collecte de données de soins cohérentes sur un périmètre transnational. L’interopérabilité sémantique devient alors incontournable : les données doivent être structurées à l’aide de standards internationaux comme HL7 et codées à l’aide de terminologies de référence internationales telles que LOINC et SNOMED CT.
Néanmoins, les terminologies d’agrégation telles que la CIM et la classification commune des actes médicaux (CCAM) restent incontournables pour satisfaire les besoins de consolidation de statistiques des causes de mortalité et de morbidité, de classement des séjours en groupes homogènes de soins pour le PMSI, de surveillance de la santé des populations et de pilotage des dépenses.
Les systèmes informatiques de santé sont donc aujourd’hui tenus de satisfaire deux grandes familles de besoins :
• L’enregistrement et le partage de données médicales précises, fidèles à la réalité observée, exploitables dans les traitements et les raisonnements automatisés de la production des soins comme de la recherche médicale ;
• Le classement et le dénombrement de cas dans des catégories plus macroscopiques pour superviser la santé et les dépenses relatives aux populations.
Selon un rapport commandité par la Commission Européenne en 2016[1], la satisfaction de ces deux familles de besoins exige l’adoption d’un écosystème terminologique centré sur la terminologie SNOMED CT qui est la référence du secteur de la santé, entourée d’autres terminologies de référence dont LOINC, et de terminologies d’agrégation telles que la CIM et la CCAM, et enrichi par les mappings permettant la conversion d’une terminologie à l’autre de façon automatique ou semi-automatique.
La standardisation du contenu des dossiers médicaux ne doit pas alourdir la charge de travail des praticiens en imposant un double codage. Elle doit même au contraire être allégée par les interfaces homme-machine (IHM) des applications qui guident la saisie des informations à l’aide de libellés clairs détectés dans les comptes rendus dictés ou saisis en langage naturel. Ainsi l’information médicale peut être structurée et codée à la source avec la précision requise, le codage médico-administratif se déduisant en aval de façon semi-automatique. Trois conditions sont à réunir pour aboutir à ce résultat :
• Disposer d’une traduction française de qualité, suffisamment riche en synonymes pour chacune des terminologies internationales exploitées ;
• Doter les applications métiers d’IHM conformes à l’état de l’art proposant des termes standardisés adaptés au langage du praticien ;
• Disposer des mappings à jour (notamment de SNOMED CT vers la CIM étendue pour la France) pour déduire le codage médico-administratif du contenu clinique des dossiers.